La neige nous suit à la trace.
Nous poursuivons notre route vers le sud, en direction de la Pologne. Notre dernière nuit en Estonie se déroule au calme dans un petit village de campagne auprès de la route nationale. Le lendemain le soleil, que nous n’avions pas vu depuis un long moment, pointe enfin le bout de son nez. 
L’ambiance dans les rangs est au beau fixe 
et nous en profitons pour faire un tour du bled désert en ce samedi matin. Nous faisons un dernier plein de gasoil avant de franchir la frontière lettonne
quelques kms plus loin. 
Notre route doit passer par Riga capitale de la Lettonie, nous stoppons sur une station service pour déjeuner, l’accueil est très chaleureux et nous pouvons faire le plein d’eau gratuitement grâce au point lavage de pare-brise qui sont de petites cabines chauffées où l’on trouve de l’eau, des raclettes et un gonfleur pour les pneus. 
Nous repartons vers Riga que nous atteignons en fin d’après midi, les routes sont bonnes, sèches et la neige n’est pas tombée en grande quantité. La traversée de Riga est déviée, nous roulons près de 40 kms autour de la ville sans en voir les véritables contours. L’asphalte est dans un moins bon état que ce que nous avions eu jusqu’à présent, il est creusé de deux sillons de roulement créés par les nombreux semi-remorques que nous doublons régulièrement. Les automobilistes sont ici plus nerveux, limite inconscients… Par contre l’habitude est de se rabattre sur la bande d’arrêt d’urgence si quelqu’un veut vous doubler, cela fluidifie le trafique et évite de s’énerver contre la voiture ou le CC qui vous précède. Notre moyenne horaire est vraiment bonne et nous atteignons notre seconde frontière de la journée vers 18h30.
La Lituanie se profile sous un ciel étoilé, nous bivouaquons sur une station en compagnie des routiers. Le lundi matin studieux passé, nous continuons, sur des routes dont les nids de poule se font plus fréquents, en direction de Kaunas, deuxième ville du pays, le temps ensoleillé du matin a fait place au voile gris que nous connaissons bien depuis un mois et demi. 
Kaunas est grise et triste vue de l’extérieur, nous en faisons le tour sur des 2 voies, Varsovie et la Pologne sont déjà indiqués sur les panneaux de signalisation. La frontière polonaise suit, 
trois frontières en deux jours !
Les lignes droites plates des deux pays baltes précédents laissent place aux virages sur les petites collines polonaises. La route n’est pas très bonne, les défauts en tout genre nous font un vacarme du diable, les paysages sont à l’image de la Lettonie et de la Lituanie, ternes, gris et composés à 90% de champs céréaliers.
Depuis la sortie de l’Estonie nous avons changés de niveau de vie, ici, les habitants sont bien plus modestes et les conditions de vie semblent plus difficiles.
La Pologne n’est pas encore enneigée, les polonais ne parlent pas vraiment l’anglais, ni l’allemand d’ailleurs. Notre premier bivouaque sur une station, en compagnie de nos collègues routiers, est agrémenté d’un billet de 10 slotis pour la nuit. Le polonais qui est chargé de la collecte reste planté sur le parking en attendant le client, il ne parle que le polonais et le russe et il est aimable comme une porte de prison… La nuit est glaciale, avec un vent de nord-est, il se met à neiger et le matin nous retrouvons notre copine avec une émotion limitée. La classe terminée nous roulons vers Varsovie, il nous reste 200 kms à parcourir, les 100 premiers sont bien faciles au regard de la suite… Les 90 derniers kms seront un vrai chemin de croix, les premières chutes de neiges paralysent les conducteurs, qui sont censés être aguerris à ce genres de conditions, nous roulons à une moyenne de 25-30 kms/h, c’est interminable, l’arrivée dans la capitale se solde par un bouchon énorme de plusieurs dizaines de kms. Nous stoppons finalement sur un parking de Mc Do, crevés par cette journée usante, afin de se connecter et donner rendez-vous à la marraine de Marcel et sa famille à Cracovie quelques jours plus tard. Dans la nuit, la tempête de neige bat son plein et nous nous réveillons avec 30 cms de neige sur le parking. Il fait très frais… Nous trouvons un Auchan à l’entrée de la petite couronne et nous y arrêtons pour les courses. C’est aussi cher qu’en France, on nous y reprendra plus ! Il y a beaucoup d’enseignes françaises ou internationales que l’on trouve également en France. La campagne polonaise était tristounette et vieillotte, la capitale s’annonce beaucoup plus moderne 
et animée avec un flot d'église impressionant.
Nous visitons la vieille ville dans l’après midi,
les bâtiments
sont bien jolis 
et 
la circulation est meilleure 
que la veille. Le froid qui nous assaille 
nous pousse à revenir au CC que nous avions garé en plein centre.
Nous avons besoin de laver du linge, les campings sont tous fermés, les laveries automatiques sont encore une fois absentes, seule une nous a été indiquée par l’office du tourisme. Les gens ici sont très austères voire nonchalants de prime abord. Nous quittons le centre ville pour trouver ladite laverie, nous ne galérons pas un instant pour circuler et trouver le quartier, cependant une fumée inquiétante s’échappe du pot d’échappement, les chutes de la veille nous obligent à tourner et retourner avant de pouvoir s’arrêter sur une place de parking d’où l’on pourra ressortir sans problème d’enlisement. C’est un centre Leclerc qui nous permet cette halte. Nous avons beaucoup roulé pour cet arrêt, nous n’avons même pas réussi à trouver la laverie dans la rue indiquée et lorsque Cédric contrôle le niveau d’huile moteur, il n’en reste plus une goutte dans le moteur, tout s’est répandu dans le compartiment moteur et sur la boite de vitesse !... Panique, nous échafaudons les pires scénarios. Le moral est en berne et nous essayons de contacter notre garagiste préféré et vénéré, Bruno, au secours !! Il nous indique une panne possible d’après les symptômes décrits par téléphone. Cela ne nous enchante pas du tout, il faut cependant aller chez un garagiste Iveco le lendemain pour obtenir plus de détails sur cette « panne » qui n’en est pas vraiment une car, nous n’avons rien remarqué d’anormal si ce n’est la fumée dégagée et le manque d’huile. Après avoir remis le niveau d’huile au maximum, nous trouvons un spécialiste Iveco, Ducato qui se situe à 10 kms du Leclerc. Ce sont les 10 kms les plus longs que nous ayons fait. Le garage est peu engageant, 
le garagiste non plus, il ne parle que très peu d’anglais, nous avons l’impression de l’embêter, il regarde le problème et nous dit rapidement que ce n’est pas grand-chose… Il démonte un tuyau qui relie un petit boitier à la conduite d’air du filtre. Il m’explique qu’il doit être gelé, nous le mettons devant le radiateur minuscule qui leur sert de chauffage central dans leur guitoune. Rien ne semble en sortir. Il remonte la durite et nous dit qu’il faut essayer de rouler et voir si on consomme encore de l’huile. Il nous dit aussi que le fameux boitier sur lequel est fixée la durite doit surement être changé. Il nous demande de revenir le lendemain matin à 8h pour regarder la consommation, changé éventuellement le décanteur moteur et remplacé notre roulement avant droit qui donne des signes d’usure depuis 6000 kms. Le matin suivant nous émergeons à 6h30 afin d’être à l’heure au garage, nous y sommes à 8h00 pétantes, nous sommes les premiers, ils arrivent enfin et nous font patientés le temps de prendre leur café matinal. 40 minutes plus tard, ils nous disent qu’ils n’ont pas le temps ce matin de faire notre CC, il nous faut revenir à 12h00 pour qu’ils fassent les travaux dans l’après-midi. Retour à midi, et là, ils nous disent finalement qu’ils n’ont pas le temps de faire les réparations !... Nous prenons cela avec philosophie, car le CC ne fume plus du tout, il ne perd plus d’huile, à priori, et le roulement avant gauche fait du bruit depuis 6000 kms, donc il doit pouvoir tenir encore. Nous décidons donc de tenter la route vers Cracovie où nos amis nous attendent et faire faire les travaux là bas où nous comptons rester plusieurs jours.
Suite des aventures des tortues polonaises au prochain épisode…