L’Asie occidentale.
La clim, quelle invention !! Nous sommes en permanence moites, dégoulinants et en surchauffe. La chaleur ici, n’est pas aussi insupportable qu’à Oman mais la moiteur est omniprésente. En fait, nous sommes poisseux... Heureusement, la clim des auberges de jeunesse, du métro, des supermarchés, des gares et autres endroits publiques nous permet de récupérer. La t° tourne autour de 32°C mais l’humidité représente 75 à 80% de l’air qui nous entoure. C’est dans ce contexte que nous commençons la visite de Singapour. Cette énorme ville-île-état possède quelques sites intéressants mais n’a pas autan de caractère que les capitales européennes que nous avons vues jusque là, du moins sur le papier. En plus, c’est la ville des interdits. C’est plus facile d’établir la liste de ce qui est autorisé que celle des choses impossibles ou réprimandables… Nous sommes ici dans la « suisse d’Asie » : cette ville est en Asie, mais, de par sa richesse, son emplacement, sa modernité et sa diversité culturelle et ethnique, elle n’est pas aussi typée que certaines autres que nous rencontrerons en Asie du Sud-est.
Le premier jour, dimanche, nous décidons de commencer par le quartier chinois. Rues commerçantes, restaurants typiques, bar à jus de fruits frais, population grouillante et quelques demeures coloniales ou en pagodes. Un vrai dépaysement ! Nous déambulons dans ses ruelles aux odeurs si particulières au gré des chalands et de nos pas. Nous visitons le temple bouddhiste dans lequel se trouve une dent de Bouddha. L’édifice est splendide, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Le rez-de-chaussée est consacré aux prières, le deuxième étage, bibliothèque-librairie, le troisième, c’est pour le musée avec de nombreuses icônes bouddhistes, le quatrième renferme la fameuse dent qui est enfermée dans une sorte de mausolée fermé par une paroi de verre. Un véritable voyage dans l’univers bouddhiste, avec des couleurs vives et de somptueuses statues aussi étincelantes les unes que les autres. Enfin, le dernier étage est situé sur le toit où un magnifique petit jardin entoure l’énorme moulin à prières du temple. Hélas, nous n’avons pas vraiment de vue sur le quartier et la ville de si haut car les murs d’enceinte nous la cache.
Nous déjeunons dans un petit resto avec jus de mangue, pomme et avocat frais pour une somme modique. Nous repartons de cette partie de la ville pour aller sur les quais tout neuf de l’Esplanade où se trouve un complexe culturel ultramoderne. Salle de concert, théâtre, scènes ouvertes, magasins forment un ensemble bien réussi et très agréable. Nous venons ici dans le but de voir un concert gratuit sur une des scènes ouvertes. En fait, la programmation a dû changer et nous assistons finalement à un festival de danses traditionnelles avec costumes et maquillages de toute beauté. Les enfants sont totalement captivés par ce spectacle dans lequel nous découvrirons des danseurs de tous âges, allant de 9 à 40 ans. Les 2 heures de spectacle passent en un éclair et nous rentrons, en passant par le quartier des affaires, à l’auberge située dans le quartier d’Aljunied juste avant la nuit. La nuit à cette latitude est très rapide à tomber. Nous sommes à quelques encablures de l’équateur. Nous n’avons jamais été aussi bas ! Après Oman et Mascate située sur le tropique du Cancer. Le jour décline à 19h30 et il fait nuit noire à 20h00.
Le lendemain, Cédric part avec Marcel à 8h00 pour aller voir NYK, la compagnie maritime chargée d’acheminer le CC à Singapour. Nous devons planifier l’arrivée car nous n’avons pas le droit de circuler en CC sur le territoire de Singapour… Il nous faut donc prévoir un remorquage de notre carapace jusqu’à la frontière malaise. Le responsable NYK nous envoie chez un transitaire afin que ce dernier fasse les démarches douanières. Tous les contacts sont très gentils, ils ont tous l’air très professionnel et nous mettent en garde contre la sévérité de la douane Singapourienne. La mauvaise nouvelle du jour reste le retard de 6 jours du bateau ! Nous sommes un peu dépités car cela va sérieusement rallonger le séjour et les dépenses dans cette ville un peu couteuse. D’autan que nous sommes sans notre maison depuis 1 mois et la liste des dépenses est énorme, entre le transfert maritime, les billets d’avion, les hôtels et les restos, c’est un mois de ministre français !! Bref, nous économiserons les prochains mois ! L’après-midi nous avons rendez-vous chez un ostéopathe français pour remettre le dos d’Alex en place. Après cette révision, nous allons à l’automobile club de Singapour pour organiser le remorquage du CC quand il sera arrivé… Bon contact avec la dame en charge de ce genre de demande mais qui a un accent anglais quasi impossible à comprendre. Nous arrivons finalement à tout préparer et nous échangerons dans les jours à venir des mails, aussi bien avec elle que le transitaire, afin de transmettre tous les documents nécessaires à chacun.
Le soir Stéphane et Rachel avec les trois gars, nos amis rencontrés à Tioman, nous rejoignent dans le quartier, ils ont une auberge à 50 m de la notre. Les 6 enfants s’en donnent à cœur joie. Mardi matin, visite du quartier indien. Moins typique que le chinois, les temples sont tout de même une vraie découverte pour nous qui ne connaissions pas, le reste est une succession de petites échoppes, principalement de vêtements et un grand marché alimentaire couvert. L’après-midi, le quartier d’Arabe street, avec la grande mosquée et ses rues au caractère colonial, c’est très joli. Les commerces sentent bon la Turquie avec narguilés et tapis… Une petite pause dans un centre commercial afin de reprendre des forces et un petit encas, car la suite de la journée est encore chargée. Nous avons planifié le night safari, zoo de nuit qui nous était conseillé par nos guides. La circulation dans les transports en commun avec 6 enfants aux heures de pointes est une chose à expérimenter… Nous arrivons à la station de métro qui doit nous permettre de rejoindre le zoo par l’intermédiaire d’un bus. Nous arrivons à 20h30 à destination, il nous aura fallu 40 minutes supplémentaires de bus. Nous avons accumulé les kms de marche aujourd’hui, mais les enfants sont super motivés par cette dernière visite. Le cout du safari n’est pas donné… Enfin, nous économiserons les mois suivants !… Le jeu en vaut la chandelle, la visite de nuit est superbe, le petit train qui nous fait faire le tour est le bien venu pour nos jambes un peu lourdes. Les animaux sont vraiment bien mis en valeur et ne sont pas enfermés derrière une grille mais des barrières naturelles ce qui est très agréable. Nous découvrons de nombreuses espèces inconnues pour les petits français que nous sommes. 2h30 de visite et quelques kms de plus dans les jambes, nous quittons le zoo à 23h00 de peur de louper le dernier métro. Le bus arrive aussitôt et ne met que 25 minutes à couvrir le même trajet. Nous arrivons de justesse à l’heure de la dernière rame, mais Alex reste coincée dans le tourniquet alors que nous sommes tous déjà dans le train ! Nous redescendons juste avant la fermeture des portes pendant que Cédric les tient entrouvertes. Ouf ! Alex nous rejoins quelques minutes plus tard, nous avons finalement droit à un autre essai car une autre rame pour chaque direction arrive. Nous hésitons à prendre celle qui nous intéresse car elle doit s’arrêter 2 stations après et ne correspond pas au changement que nous devons faire. Nous prenons l’autre direction qui doit rejoindre la ligne qui passe par notre quartier mais qui nous éloigne du centre encore un peu plus. Nous croisons les doigts pour avoir une correspondance. Nous arrivons au terminus à 0h20, tous les trains sont arrêtés, le métro ferme et nous sommes à 25kms de notre quartier…
Nous cherchons en vain le dernier bus qui passe dans notre quartier. Nous commençons à envisager la dernière alternative, le taxi, mais le dernier bus de la gare routière nous propose de nous prendre et de nous déposer dans un autre bus qui passera pas trop loin du quartier. Nous arrivons à prendre ce fameux bus qui est juste devant le notre à une station et que nous hélons avant qu’il ne reparte. Les choses ont l’air de s’éclaircir, il nous dépose à 1h00 à 2kms de notre auberge, les enfants sont encore vaillants malgré l’heure et la durée de cette journée de marche. De notre côté, nos jambes sont maintenant pesantes, nous avons hâte de parvenir à destination, Marcel finit le trajet en pleurnichant, il est vraiment temps d’arriver. Nous arrivons à 2h00, fourbus. La nuit est réparatrice, nous nous sommes donnés rendez-vous avec nos amis en fin d’après-midi à l’hôtel Raffles, établissement emblématique de la période coloniale. Nous les rejoignons après une journée de repos salvatrice. Nous dinons le soir avec Benjamin, Hélène, Sophie, Pierre-Yves et leurs enfants. Benjamin est le cousin de Stéphane qui est installé ici, nous mangeons au cœur du quartier des affaires dans une rue qui ferme à 19h00 et dans laquelle les restos de satay s’installent. Ceux sont des restos qui grillent des brochettes de bœuf, poulet, crevettes en pleine rue entourée de grattes-ciel. C’est dans cette atmosphère un peu irréelle que nous passons quelques heures sympathiques en leur compagnie. Le jeudi, visite du jardin botanique, encore sujet de découverte d’essences tropicales impressionnantes.
Stéphane et Rachel nous quittent le lendemain, les au revoir sont chaleureux, nous nous promettons de nous revoir soit sur le trajet de notre tour, soit en rentrant. Les enfants se sont vraiment bien amusés ensemble, nous avons passés de notre côté de bons moments avec eux. L’heure de la reprise a sonné pour eux, après 1 mois en Malaisie et Singapour, la rentrée va être brutale…
Le reste de notre attente va se dérouler doucement, rythmée par le repos au frais et de petites balades. Nous trouvons 3 autres ventilateurs en 12V pour le CC et les nuits à venir. Nous nous rendons à l’Esplanade le samedi soir suivant, c’est surpeuplé, les spectacles sont nombreux et très suivis, un petit feu d’artifice est tiré sur l’eau, au milieu des grattes-ciel, le spectacle est magnifique. Nous nous baladons dans les quartiers de Clarke quay et Boat quay, très agréables, nous longeons les quais sur un ou deux kms avant d’aller voir la fontaine « of wealth » qui propose un petit show sur l’eau pulvérisée. Nous nous préparons à quitter Singapour, les sacs sont faits, les papiers du CC et de Cédric aussi, demain, nous le retrouvons !
C’est avec un peu d’appréhension qu’il va sur le port rejoindre le transitaire et la dépanneuse-remorqueuse. Nous avons établie une liste exhaustive des choses à déclarer aux douaniers si sévères. Ils retrouvent le CC sur le port en plein soleil, lorsqu’il l’ouvre, il y règne une chaleur impressionnante, les batteries de la cellule que nous n’avions pas débranchées sont totalement à plat, l’alarme du convertisseur raisonne dans la cellule et les quelques papiers et bricoles sans importance que nous avions laissé dans la cabine ont été déballées. Ceux sont les seules choses particulières à noter, un petit regonflage des suspensions pneumatiques et les roues avant du CC sont prises en étau à l’arrière de la dépanneuse. Le chauffeur est prudent, nous nous présentons au poste de douane que nous passons en 15 minutes sans encombre, ouf, nous roulons vers la frontière « Woodlands »que nous rallions en 45 minutes à une allure très prudente. Alex, elle, de son côté s’est occupée de rejoindre le poste frontière en métro et bus avec les trois petits et le reste des sacs. Nous nous retrouvons juste après la sortie du territoire Singapourien dans le « noman’s land », nous chargeons sacs et enfants et roulons, à gauche, jusqu’au poste malais. Nous sommes tous super content de retrouver notre « cavravan »comme ils disent, nous passons le poste malais en une petite heure et leur réclamons un bureau d’assurance. Ils nous disent qu’il n’y en a pas, ils ne nous obligent pas à en avoir une ! Nous quittons la frontière pour aller dans Johor Bahru afin d’y trouver du gasoil, des courses, remettre un peu d’ordre dans le CC et rouler un peu afin de recharger les batteries. C’est chez Carrefour que nous nous arrêtons… Le plein de gasoil n’est pas possible car seuls 20L sont achetable si prêt de Singapour où le prix est multiplié par 3. Encore un interdit malgré la sortie du pays !! Les vélos sont remis dehors, la grille de séparation entre la cabine et la cellule démontée, une bonne aération de la cellule et nous voilà repartis vers de nouvelles aventures. A nous les routes malaises et asiatiques, 4 à 5 mois dans la région sont au programme, nous avons hâte d’attaquer.
Nous voulons dédier cet article et les autres à Serge, l’oncle de Cédric décédé le 14 juillet et Jacques, le frère de notre belle sœur préférée qui s’est éteint le 15 juillet. Si la vie est un cadeau, nous espérons que l’âme est un oiseau.